L’artiste espagnole Pilar Cossio débarque à Beyrouth et présente sa nouvelle exposition, Rêve, à la fondation Audi. Une appropriation des lieux qui durera jusqu’à la fin du mois. Sous la forme d’un déambulatoire dans l’imaginaire de l’artiste, l’installation présente une vingtaine de pièce (photos et installations diverses), autour du même thème : celui mouvement.
La première pièce est éloquente : deux chaussures d’une même paire, collées l’une à l’autre à l’aide d’un étau. Le principe est là : le thème de l’exposition sera celui du mouvement, du mouvement dans l’imaginaire. La nécessité du voyage, de l’évasion. C’est la démarche propre à l’artiste espagnole qui est ici présentée. Aussi la partie basse du corps humain (les jambes, outils de déplacement : ne nous y trompons pas !) est-elle un thème récurrent dans l’œuvre de Pilar Cossio.
Comment rêver, comment s’échapper précisément et déambuler dans un univers parallèle qu’est celui de l’artiste ? Telle semble être la question posée et problématisée par l’espagnole. L’opposition entre l’immobilité, le carcan d’une part, et la mobilité, l’échappatoire d’autre part est le paradigme ici travaillé. L’atteste cette jolie pièce : une statuette, figure de la féminité, est déposée sur une assiette, elle-même positionnée sur un tourne-disque. L’allégorie par excellence du statique prend mouvement, et devient mobilité. La statue danse alors, et occupe l’espace par les mouvements qu’elle dessine!
Le travail de Pilar Cossio porte principalement sur cette manière bien particulière de percevoir et de réfléchir un lieu, un endroit, pour y laisser déambuler son imaginaire. Rêver le lieu donc, et par la même lui donner l’ « amour » selon ses mots. Garder, conserver la rêverie pour mieux la vivre, mieux l’apprécier, pour mieux la comprendre pour ensuite la transmettre : c’est surement là le sens de ce tas de sel (moyen de conservation issu d’un autre temps), déposé à même le sol de la villa. Si sens il faut donner.